Bien que ces joysticks classiques dominaient le marché, des modèles de contrôleurs plus originaux, voir expérimentaux, virent le jour.
1980 - Mattel Intellivision.
En 1980 alors que toutes les consoles d’époque disposaient de paddles et de joysticks, Mattel Electronics décide que son Intellivision sera équipée d’un keypad à 12 boutons, mais surtout d’un « disque directionnel ». C’était absolument novateur : on pouvait jouer avec le pouce, sans le soulever, juste en le glissant. Ca ne vous rappelle rien ? Oui, en 1983 la Famicom sortait et, avec elle, sa fameuse croix directionnelle. OK, ce n’était pas tout à fait la même chose mais quand même, l’idée était là.
De plus il détectait 16 directions, 2 fois plus que les joysticks conventionnels. Certains ont qualifié ce pad de révolutionnaire et l’adoraient vraiment mais apparemment le grand public le trouvait, bien que pas mauvais, peu familier et préférait le bon vieux stick.
Etait-il trop en avance sur son temps ?
Il y a des boutons sur les tranches gauche et droite.
Les ingénieurs de chez Mattel voulaient créer un nouveau mode de contrôle et on tenté d’imposer leur vision des choses, mais devant le rejet du public ils ont fini par abdiquer et créer un stick à fixer sur le disque. Il était d'abord vendu séparément puis fourni directement avec la console, enfin, on peut voir sur le prototype de l’Intellivision 3 que la console disposait d’un stick d’origine.
Le joystick sur le keypad de l’Intellivision 2 et l'Intellivision 3 jamais sortie.
Preuve que le contrôleur à son importance, ici il a carrément influencé le succès de la console.
Pourtant aujourd’hui on peut constater que c’était une bonne idée, Nintendo aurait pu s'en inspiré pour sa croix directionnelle. Le public n’était-il pas prêt ?
Autre particularité du keypad : il était capable d’accueillir des « overlays » ; des petites cartes en plastique fournies avec les jeux qui se glissent sur le clavier. En plus d’aiguayer le joypad, elles servaient surtout à indiquer les commandes spécifiques du jeu. Par la suite d’autres contrôleurs ont été prévus pour accueillir des overlays, comme ceux de l’Arcadia 2001, la ColecoVision ou l’Atari 5200, mais ils étaient moins nombreux et moins réussis, plus austères. Ceux de l’intellivision sont superbes et font l’objet de collection très recherchée, il y a même eu des rééditions.

On glissait l’overlay par en haut, et un petit ergot l'empêchait de bouger.
Exemples parmis les jeux les plus célèbres:

1981 - Cosmic Hunter - Microvision.
Sortie en janvier 1979 la Microvision de MB était la première console portable. Nue, elle disposait d’une molette mais aussi d’un écran sensitif pouvant reconnaître jusqu’à 12 positions. Chaque jeu venait avec une façade interchangeable qui comportait une disposition des touches différentes. Ce n’était pas vraiment des boutons, plutôt des lamelles en caoutchouc faisant contact avec l’écran et laissant passer la pression des doigts.

En 1981, le jeu Cosmic Hunter venait avec une disposition des commandes assez… familière : Une croix 4 directions. Elle est pleine pour pouvoir glisser le doigt et sous forme de losange afin ne pas devoir passer par le centre.

Juin 1982 - Emerson Arcadia 2001.
Son contrôleur est très similaires à celui de la Mattel Intellivision : la forme, les boutons latéraux, un clavier à 12 touches, la présence d’overlays et le disque de contrôle… avec toutefois un trou au milieu permettant de visser un petit bâton le transformant en mini joystick.


Août 1982 - CBS ColecoVision.
Son contrôleur est constitué d’un joystick mais il est si petit qu’il se manipule avec le pouce. Au sommet du stick il y a un petit disque plat, sa forme fait penser à un hybride entre le disque de contrôle de l’Intellivision et un stick analogique d’aujourd’hui. Il est aussi muni de deux boutons latéraux et du désormais classique clavier à 10 chiffres plus l’étoile et le carré, pouvant accueillir des overlays.
Vous pouvez voir un Prototype .
1982 - Coleco Gemini.
Quand Atari a perdu le procès contre Coleco pour avoir fait un adaptateur permettant de jouer aux jeux de la 2600 sur la Coleco Vision, ce dernier en a profiter pour sortir carrément un clone de leur console. Appelé ironiquement la Gemini, son contrôleur aussi est une reprise : la combinaison des deux stars d’Atari : un joystick et un paddle, comme aujourd’hui on trouve une croix et un stick analogique sur le même joypad.
La Dual Command de la Coleco Gemini.
1982 - Atari 5200.
Reprenant le clavier à 12 boutons comme sur l'intellivision et la Coleco Vision, il intègre aussi 4 boutons sur les tranches et, pour la première fois les fonctions "start", "pause" et "reset", ça peu paraître évident aujourd'hui mais à l'époque pouvoir mettre le jeu en pause était un luxe et un confort inédit.
Le stick est analogique… mais il n’y avait pas de dispositif de centrage : il fallait remettre le stick au milieu manuellement, cela rendait les jeux injouables et a rebuté tout ceux qui l’ont essayé, ce fut un échec.
Vous pouvez voir un Prototype .
1982 - MB Vectrex
La Vectrex ressemble à une mini borne d'arcade avec son écran incorporé et surtout son imposant joystick avec ses quatre larges boutons semblables à ceux des bornes. Par contre le stick n'a pas de boule et est analogique, puisque mieux adapté aux graphismes en 3D vectoriel de la machine. En tout cas, il propose une prise en main bien différente de ce qu'il se faisait à l'époque sur console.
1982 - Atari Trak-Ball.
Fin des années 70, le Trackball bien que développé pour travailler sur ordinateur, tente de se faire une place dans le monde vidéoludique. Il fut utilisé pour la première fois en 1978 pour le jeu d'arcade « Football » d’Atari, puis dans des dizaines de jeux de sports, mais aussi dans quelques shoots classiques comme Centipede et Millipede ou d'autres dans lesquels on dirige un curseur comme Missile Command et Quantum. C'est pour les adaptations de ces jeux d'arcade sur consoles, que le premier trackball console apparu sur Atari 2600.

1983 - Soundic SD-200.
Aussi sortie sous le nom de Hanimex HMG-7900, elle est la preuve qu'au début des années 80 il y avait beaucoup de périphériques différents, les joueurs n'avaient que l'embarras du choix. Les développeurs soucieux de contenter un maximum de gens, ont combiné les trois moyens de contrôles : le joystick, le disque directionnel si on enlève le stick, et le paddle.
1983 - Sega SG 1000
Connue également sous le nom de Mark 1, c'est la première console de Sega. Son joystick est tout ce qu'il y a de plus classique; base allongée pour une prise en main en pince avec deux boutons sur les côtés. Simple, il ne comporte pas de keypad.
1983 - Atari 2800.
La 2800 sortie au Japon est en fait tout simplement la 2600 rebaptisée, elle fut aussi distribuée par Sears sous le nom de Video Arcade 2. Techniquement identique, l'unique élément qui la différencie réellement par rapport à la 2600 c'est son paddle... enfin son joystick... enfin son... en fait il s'agit d'un tout en un puisqu'il combine les deux contrôleurs de la 2600. Gain de place, gain d'argent, plus pratique, il permet donc de jouer à tous les types de jeux sans devoir changer de manette à chaque fois.
Par contre, n'ayant pas eu la chance de le tester, je ne peux pas dire si le stick à tendance à tourner pendant que l'on l'actionne dans les 8 directions.
1984 - Atari 7800.
Les paddles et les joysticks classiques s’essoufflent mais, dans un ultime effort, unissent leurs forces pour fusionner et tenter une dernière attaque. Après l'échec de la 5200, Atari décide de dire au revoir au keypad et à l'analogique pour revenir à la simplicité. Comme pour la 2800, il combine le paddle et le joystick de la 2600 en un seul manche pour sa 7800... en vain.
Car à cette époque, bien que le joystick et le paddle étaient encore présents, suite aux tentatives d’innovations comme l’ont fait l’Intellivision, la Micro Vision et la Coleco Vision (peut-être toutes les 3 des visionnaires… elles portent bien leurs noms), on peut sentir qu’une « mutation » était doucement en train de se préparer.
Voir L'évolution des joypads .
Et aussi L'évolution des joysticks, partie 2 .