Les paddles

Publié le par Gamerdome

 

 tennis-racket-balls1--Custom-.jpg

 

 

 

 

 


ddf (Custom)Les premiers contrôleurs de jeux sont loin de l'ergonomie et des possibilités que proposent nos joypads d'aujourd'hui. Avant même la naissance des jeux vidéo, les toutes premières manettes sont en fait de grossiers boîtiers de commandes, bricolés uniquement dans le but de contrôler de petits jeux programmés en cachette sur des ordinateurs très puissants (pour l'époque). Rien d'officiel et encore moins commercial donc, les jeux comme les "manettes"  ont été développés et fabriqués par de brillants et sérieux informaticiens, uniquement pour se distraire.


En 1958, le physicien William Hinginbotham créa un petit jeu ; Tennis For Two sur un oscilloscope, dans le but d'amuser les visiteurs lors de la journée porte ouverte de son lieu de travail ; un laboratoire spécialisé dans la recherche en physique nucléaire…
Si on ne parle pas encore de jeux « vidéo » puisqu’il tourne sur un oscilloscope, c’est quand même un jeu interactif, donc il fallait un moyen de contrôler cette interactivité. Les ingénieurs ont fabriqué un objet de circonstance, comportant un bouton pour renvoyer la balle et une molette pour régler l'angle de frappe, le premier contrôleur de jeux électroniques était né.

 tennis for two tennis
 Une simple boîte métallique. Ergono – quoi ?
 
Le jeu n’était pas « vu de haut » comme dans Pong, mais de profil, et la molette ne servait pas à déplacer la palette. D’ailleurs il n’y avait pas de raquette visible à l’écran, la balle pouvait être frappée dès qu’elle passait le filet.

En 1962, un groupe d'informaticien (S. Russel, J.M. Graetz et W. Wiitanen) ont dévellopé un jeu sur un ordinateur très puissant de l’époque (le PDP-1) dans le but de prouver ses capacités de calcul en temps réel. Apparu alors SpaceWar, un shoot dans la veine d’Asteroid mais en versus, l’ordinateur étant incapable de contrôler lui-même un vaisseau. Au départ on jouait avec les simples boutons du tableau de contrôle, mais dans ces conditions d’utilisation intensive, les commutateurs s’usaient trop vite. Les ingénieurs ont donc
 imaginé des contrôleurs pour l’occasion, ils comportaient 2 leviers et 1 bouton. Le levier horizontal fait pivoter le vaisseau à 360°, le levier vertical contrôle la vitesse : vers le bas pour accélérer et vers le haut pour actionner « l’hyper espace » ; un turbo (pas très intuitif tout ça) et le bouton pour tirer les missiles.

 Space War SpaceWar 
 Ce contrôleur n'existe plus aujourd'hui, voici un dessin de ce à quoi il ressemblait.

En 1951, l'ingénieur Ralph Bear est sollicité pour créer un téléviseur plus performant, il propose alors d'y intégrer un jeu... mais son idée est rejetée. Il y travaillera quand même dessus jusqu'en 1968 où il crée la Brown Box, un module à brancher sur télévision et proposant un jeu de tennis. Elle dispose de deux gros contrôleurs possédant un seul bouton mais trois molettes : une pour les mouvements verticaux, une pour les horizontaux et une pour donner de l'effet à la balle !

 brown box 

Ce Prototype  fut acheter par Magnavox qui, 4 ans plus tard, sort la première console de jeux vidéo du monde...


1972 - Magnavox Odyssey.

Première console, première manette que le public a pu prendre entre ses mains… enfin pas vraiment, vu sa taille elle était plutôt destinée à être posée sur les genoux ou sur une table. Elle
 se présente sous la forme d’une boîte qui comporte trois molettes situées non pas sur la face supérieure, mais sur les cotés. La molette de droite servait pour les mouvements verticaux, sur le côté gauche deux molettes étaient imbriquées : la grande pour les déplacements horizontaux, et la petite pour les lancers de balles. Le gros bouton central ne sert pas d'action dans les jeux, c’est juste un "Start" ou "Reset".

 magnavox odyssey 

Un jeu de tennis était disponible, les molettes ou spinners utilisent des potentiomètres capables d’analyser la vitesse de rotation et la transmettre à la raquette, cela donnait de bonnes sensations grâce à la précision et au dosage impossible avec un joystick ou un joypad.

S’en suivi une période de 4 ans ou le seul moyen de contrôle dans un jeu vidéo, que ce soit en arcade ou sur console, était cette fameuse roulette, limitant les développeurs à faire des jeux de tennis ou de « sport » : squash, football, hockey,… de simples variantes en fait, mais aussi les fameux casse-brique comme Break Out.


1975 - Atari Pong.


Après le succès de l’Odyssey et de son jeu de tennis, Atari (Nolan Bushnell) ne se gêna pas pour sortir une version arcade dès 1972 en la rebaptisant Pong. En 1975, devant son propre succès Atari décida d’en faire une version console. Que ce soit au café ou à la maison, le mode de contrôle était aussi plagié : la fameuse molette, mais en la limitant à une seule par joueur.
Les contrôles étaient directement incorporés à la console, comme sur beaucoup d’autres machines de l’époque... vu l’écart il y a des coups de coudes qui ont du se perdre !

 Atari Pong 
 D’abord à même la console, ils furent vite détachables pour donner plus d’aisance.



1977 - Atari Ultra Pong Doubles.

La console « Pong » n'était que la première d’une longue série, en 2 ans Atari à sortit pas moins de 8 variantes : Pong Doubles, Super Pong, Pong Pro, Ultra Pong, et j’en passe… par contre les paddles sont restés identiques. La dernière présentée ici, l'Ultra Pong Doubles, permet de jouer à 4 joueurs d'origine (comme c'est le cas sur le premier modèle "Doubles"), et ça bien avant la Nintendo 64.

 ultra pong doubles 
 A noter qu'à l'époque il y avait zéro bouton sur le "joypad".
 
 
1975 - Philips Tele-Spiel.


philips telespiel es-2201Philips a lancé bon nombre de consoles, il a tenté "d'innover" avec sa Tele-Spiel en variant légèrement le moyen de contrôle : en lieu et place de la molette on trouve un curseur qui glisse de haut en bas. Appelé également Slider paddle, la raquette à l'écran se positionne là ou vous placer le curseur. Bien que relativement peu courant par rapport aux paddles classiques, d'autres constructeurs ont utilisé ce mode de déplacement, difficile de dire si Philips était vraiment le premier, vu le grand nombre de consoles parues à la même époque.
 
philips telespiel 



1977 - Palladium Tele-Match.

Certaines consoles combinent deux moyens de contrôle, comme la Palladium Tele-Match avec un paddle et un slider, c'est à dire une molette et un curseur. C'est sans doute dans l'optique de contenter tout le monde, chacun des systèmes ayant leurs adeptes.

 palladium slider paddle 


1977 - Heathkit.


Encore plus rare, il existe des paddles avec levier, en anglais "turning sliders". La société Heath n'a produit que deux consoles, toutes deux disposant de ce système. En fait la roulette et enfoncée verticalement dans la manette, et il y a un bâtonnet qui sert de levier.



 heathkit manette 

 

 

1977 - Zanussi Ping-O-Tronic.

Une autre tendance, celle-là bien plus courante, c'est de garder la molette classique, mais d'améliorer l'ergonomie en proposant une poignée qui tient dans la main, là encore difficile de savoir qui a été le premier. On note aussi que la molette est décentrée pour laisser la place à un bouton qui se place sous le pouce, des efforts sur la prise en main sont en marche.

 manette zanussi 

 

 

1978 - Nintendo TV Game 15.

 

color-tv-game-15Rien de spécial, si ce n'est qu'il s'agit de Nintendo, car beaucoup de gens ignorent qu'il faisait déjà des consoles avant la NES. Donc avant de créer le joypad avec sa croix directionnelle 5 ans plus tard, Nintendo utilisait le paddle comme tout le monde. La Color TV Game 15 possède des paddles détachables contrairement à sa petite soeur, la Color TV Game 6, où la molette est à même la console comme sur le tout premier Pong.


nintendo tv game 15 



1977 - Atari 2600.

Bien que proposant un joystick, la 2600 dispose également des indispensables paddles. Ils sont même de deux types : les classiques pour les jeux de type "tennis" ou autre casse-brique dont l'amplitude de rotation est de 270°, et ceux pour les jeux de voitures nécéssitant une rotation libre, appelés "driving controller". Par rapport aux paddles des Atari Pong ils sont plus petits et tiennent dans le creux de la main, enfin un bouton apparaît pour le pouce ou l'index si l'on est gaucher ou droitier.

 Atari paddle controller


 atari driving controller 
 Ils sont vendu par paires et les cables se rejoignent pour n'avoir qu'un seul branchement.


"Pong Invaders"


Tout ça n'est qu'un échantillon de tout ce qui existe, car suite au triomphe du premier Pong, des centaines, que dis-je, des milliers de consoles-clones ont vu le jour avec chacune leurs contrôleurs. Ils n'apportent rien de réellement neuf, si ce n'est la forme et la couleur, on trouve vraiment de tout. Année 70 oblige, certains sont vraiment kitsch.

 manette pong 
 manette paddle
  
 
  
 Il y en a pour tous les goûts !


Avec ces modes de contrôle, ce que le jeu perd en possibilités, il le gagne en précision et intuitivité : grâce aux potentiomètres, la raquette se met là ou vous mettez le curseur et se déplace à la vitesse à laquelle vous le bougez. Vous pouvez dosez au millimètres votre position, ou faire des sauvetages in extremis à la vitesse de l'éclair. Les parties deviennent vite très intenses car tout le monde est assez doué rapidement, les commandes on ne peut plus instinctives sont tout de suite assimilées et tout se joue aux réflexes.

D'un autre côté, le paddle est quand même restreint en terme d'interaction, il est donc inévitablement amené à disparaître. Bien qu'il résucitera régulièrement grâce à Arknanoid sur NES, Playstation et Nintendo DS (voir Retro Pad ), pour les futurs jeux qui vont sortir dans les années 80, se limiter seulement deux directions ce n'était vraiment pas assez...

A suivre : L'évolution des joysticks .


 

 

 

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